Baie Mahault. Mardi 5 juin 2018. CCN. L’Agence régionale de santé (ARS) n’avait pas d’autres choix que de trouver, en urgence, un médecin à la Désirade. Le dernier ayant quitté ses fonctions vendredi dernier.
Lundi soir, toute la population de l’île s’était donnée rendez-vous à la capitainerie, autour de son maire Jean-Claude Pioche et du directeur des services des soins de l’ARS, Jean-Claude Lucina. Une fois n’est pas coutume, mais l’heure est grave.
Et ils étaient tous là pour entendre par eux-mêmes si cette « nouvelle offre médicale » tenait la route. En résumé, au moment où j’écris ces lignes, aucune solution pérenne n’est annoncée mais des réponses à court terme, pour protéger la population. Le docteur Paul Henry Dulys, urgentiste, médecin anesthésiste, a expliqué qu’il serait au cabinet dès aujourd’hui, mardi, et au moins toute la semaine. Et Ensuite ? l’ARS a des pistes qui restent à confirmer.
Elle propose entre autres de développer un système de télémédecine, les jours où le praticien serait absent. Bonne idée mais sur un territoire comme la Désirade, ce mode de communication ne sera accessible qu’à quelques uns, quid des autres ? Donc pour le moment un seul volontaire c’est le médecin de Saint-Martin qui accepterait de s’installer pour trois mois, à compter de septembre.
La municipalité, de son côté, tente d’inciter les professionnels à venir. Pour ce faire, elle a commencé lundi des travaux de réhabilitation dans le cabinet médical qui en avait bien besoin. Nettoyage extérieur des murs au karcher et opération de peinture dans la foulée. Un local que la mairie mettra désormais gracieusement à la disposition du médecin de l’île. Elle s’est d’ailleurs portée acquéreur du matériel médical et bureautique qui appartenait au précédent, pou la somme de 6 000 euros.
Du désert médical au complexe ?
Pour démontrer sa réactivité et son intérêt à la situation d’enclavement médical que connaît la Désirade, l’ARS – dont le directeur de l’époque était informé de ce départ depuis novembre dernier -, revient sur les lieux, dès samedi prochain. Cette fois-ci c’est la directrice en personne, Valérie Denux, qui sera à la tête de la délégation pour proposer, c’est à espérer, d’autres solutions à moyen et long terme.
Une situation de crise qui semble paradoxalement donner des ailes à l’équipe en place, qui reparle de ce projet de complexe médical où se retrouveraient gynécologue, podologue, ophtalmologue, pédiatre, allergologue et même un chirurgien pour assurer des permanences. Et voilà comment on passe du rien au tout, pour une population d’à peine 1 500 habitants !
Le départ du docteur aurait donc été un mal pour un bien. Voilà la Désirade désormais « chouchoutée », promise à évoluer dans un cocon médical, après avoir connu le désert. Du moins dans les mots, attendons les actes.
Marie-France Grugeaux-Etn